Fruits, légumes, vêtements, électroménager… Les ménages français réduisent leurs dépenses, bien plus que dans le reste de l’Europe. En cause : un climat d’incertitude politique persistant, une confiance en berne et une prudence accrue dans les arbitrages du quotidien. Résultat : malgré un pouvoir d’achat globalement en hausse, la consommation ne suit pas, et l’épargne atteint des niveaux records.
Des dépenses freinées par un climat politique incertain
Depuis plusieurs trimestres, la consommation progresse moins vite que les revenus. C’est l’un des constats posés par l’Insee dans sa dernière note de conjoncture. Et la tendance s’accentue depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Les Français se montrent plus prudents, plus attentistes, et cela se traduit par une consommation atone, alors même que l’inflation ralentit et que le pouvoir d’achat s’améliore.
Cette retenue se ressent particulièrement sur les achats de biens : électroménager, textile, automobile, téléphonie… tous les secteurs sont touchés. L’alimentation n’échappe pas à la règle, avec une baisse cumulée des volumes de l’ordre de 8 % depuis 2022. Du jamais-vu depuis que les statistiques existent, souligne l’Insee.
Moins de produits frais, plus de repli sur les essentiels
Face à la hausse des prix, les ménages ont modifié leur comportement d’achat. Ils consomment moins de viande, de fruits et légumes frais, jugés trop coûteux. À la place, les produits plus abordables (comme les œufs, les pâtes ou les plats préparés) gagnent du terrain dans les paniers. Cette tendance, amorcée avec la crise sanitaire et renforcée par le choc inflationniste, semble s’installer dans la durée.
Côté automobile, l’attentisme technologique freine également les décisions d’achat. Entre incertitudes sur les motorisations d’avenir et pouvoir d’achat contraint, les Français remettent leurs projets à plus tard.
Le pessimisme français tranche avec la réalité économique
Paradoxalement, cette baisse de la consommation ne s’explique pas par une dégradation des indicateurs économiques. L’emploi reste solide, les salaires ont progressé, et l’inflation en France est plus modérée qu’ailleurs en Europe. Pourtant, les ménages restent pessimistes. Selon les économistes, ce phénomène est avant tout psychologique. Le contexte politique tendu, les tensions géopolitiques, les débats budgétaires houleux alimentent un climat anxiogène, peu propice à la consommation.
Une épargne en hausse continue
Cette prudence se traduit aussi dans les chiffres de l’épargne. En 2025, le taux d’épargne des ménages français devrait atteindre 18,5 %, selon l’Insee. C’est un record hors crise sanitaire, et bien au-dessus de la moyenne européenne. En comparaison, ce taux s’était stabilisé autour de 15 % pendant plusieurs années avant la pandémie.
L’augmentation de l’épargne s’explique par l’envie de se prémunir face à l’incertitude, mais aussi par une consommation différée. Les Français préfèrent attendre, observer, et stocker leurs liquidités plutôt que de les engager dans des dépenses perçues comme non urgentes.
Un moteur économique à la traîne
En France, la consommation des ménages représente environ la moitié du produit intérieur brut. Son ralentissement pèse donc lourdement sur l’ensemble de l’économie. Si les conditions économiques restent globalement favorables, c’est le moral des consommateurs qui risque aujourd’hui de freiner la reprise. Dans ce contexte, relancer la confiance apparaît comme un enjeu central pour les mois à venir.
