Les propriétaires de résidences secondaires pourraient prochainement bénéficier d’un allègement fiscal. L’Assemblée nationale a voté ce lundi 3 novembre un amendement qui ramène de 22 à 17 ans le délai de détention nécessaire pour être exonéré d’impôt sur la plus-value en cas de revente. Un geste qui vise à fluidifier un marché immobilier en tension, notamment dans les zones touristiques et côtières.
Un frein fiscal à la mobilité immobilière
Aujourd’hui, la revente d’une résidence secondaire est soumise à l’impôt sur la plus-value, sauf si le bien est détenu depuis au moins 22 ans. Ce délai, bien plus long que pour d’autres actifs, pousse de nombreux propriétaires à conserver leur bien inutilisé plutôt que de le mettre sur le marché. Résultat : des logements vacants dans des territoires où la demande est forte et où les résidents permanents peinent à se loger.
Le député Corentin Le Fur, à l’origine de l’amendement, a mis en avant l’impact concret de cette mesure sur le terrain. Dans sa circonscription des Côtes-d’Armor, comme dans de nombreuses zones touristiques, des résidences secondaires occupent une part importante du parc immobilier. Réduire le délai d’exonération fiscale pourrait inciter davantage de propriétaires à vendre, libérant ainsi des logements pour des familles à la recherche d’une résidence principale.
Une mesure adoptée malgré les réticences du gouvernement
L’exécutif s’est montré réservé. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a exprimé son opposition à la mesure, évoquant l’absence de phase de transition pour sa mise en œuvre. La commission des finances a également émis un avis défavorable. Néanmoins, l’amendement a été soutenu par le rapporteur général du budget, Philippe Juvin, qui y voit un levier potentiel pour rééquilibrer le marché immobilier dans les zones à forte pression.
L’adoption de cette disposition par les députés n’est toutefois qu’une étape. Le projet de loi de finances 2026 doit encore être examiné par le Sénat, à partir du 4 novembre. Le sort définitif de cette mesure dépendra donc des arbitrages parlementaires à venir.
Vers une remise sur le marché de logements vacants ?
Si la mesure est définitivement adoptée, elle pourrait avoir un impact tangible sur certaines communes très recherchées, où les prix sont tirés vers le haut par la rareté de l’offre. En incitant les propriétaires à vendre plus tôt, le dispositif pourrait contribuer à requalifier une partie des résidences secondaires en résidences principales, sans recourir à des restrictions coercitives.
Reste à savoir si une baisse de cinq ans du délai suffira à modifier les comportements. Pour beaucoup, la plus-value potentielle reste un enjeu financier majeur, surtout après plusieurs années de forte valorisation des biens dans les zones littorales et urbaines. Mais dans un contexte où l’accès au logement devient de plus en plus complexe pour les jeunes ménages, chaque mesure comptant sur l’offre disponible pourrait faire la différence.
