Depuis près d’un an, les super-promos sur les produits d’hygiène et d’entretien ont disparu des supermarchés, au grand regret des consommateurs frappés par l’inflation. Mais une proposition de loi déposée le 13 février à l’Assemblée nationale pourrait bien les faire revenir. Son examen est prévu pour mars, mais elle fait débat avec les industriels, qui craignent un retour de la pression des grandes surfaces sur leurs marges.
Un retour en arrière sur la loi Descrozaille
En mars 2024, la loi Descrozaille entrait en vigueur, mettant fin aux promotions de plus de 34 % sur les produits d’hygiène, de droguerie et de parfumerie. Adieu les « 1 produit acheté = 1 offert » et autres rabais XXL à -70 % ou -80 %. Officiellement, cette mesure visait à protéger les industriels et leurs marges face à la pression des grandes surfaces. Mais du côté des consommateurs, le ressenti a été tout autre : une hausse du coût des courses et une perte de pouvoir d’achat. Un an plus tard, cette interdiction pourrait être levée. Deux députés, Stéphane Travert (Ensemble) et Julien Dive (LR), ont déposé une proposition de loi en ce sens, qui sera débattue en mars à l’Assemblée nationale. Leur objectif ? Redonner du pouvoir d’achat aux Français, notamment dans un contexte où l’inflation continue d’impacter le budget des foyers.
« Cette mesure permettra de soutenir les ménages dans un contexte d’inflation élevé sur les produits de consommation courante », expliquent les députés à l’origine du texte, pour BFM Business
La fin des super-promos a eu des répercussions concrètes sur le budget des Français. Les réductions massives sur des produits du quotidien comme les gels douche, shampoings ou nettoyants ménagers permettaient de faire baisser significativement la facture des courses. Leur disparition a été ressentie comme un coup dur, d’où l’approbation des consommateurs pour un retour à ces remises.
Les industriels, moins enthousiastes
Du côté des fabricants, l’enthousiasme est bien moindre. Selon eux, la loi Descrozaille a permis d’éviter une pression excessive des grandes surfaces sur leurs fournisseurs, notamment les PME, qui ne pouvaient pas se permettre de brader leurs prix. De plus, ils avancent que cette régulation a favorisé une baisse des prix sur d’autres produits, équilibrant ainsi la situation. D’après l’institut Circana, les tarifs des produits d’hygiène, de droguerie et de parfumerie ont d’ailleurs diminué en moyenne de 2,1 % entre mars et novembre 2024, un point que les industriels et certains députés mettront en avant pour justifier le maintien de la loi actuelle.
Un débat aux enjeux multiples
Si cette proposition de loi semble, à première vue, avantageuse pour les consommateurs, elle pourrait aussi avoir des conséquences sur les petites et moyennes entreprises et les nouvelles marques. Celles-ci, souvent moins connues mais appréciées pour leur qualité et leurs prix compétitifs, risquent de souffrir d’un retour en force des promotions agressives pratiquées par les grandes enseignes. Une dynamique qui pourrait altérer la diversité de l’offre et la concurrence sur le marché.
Le débat s’annonce donc animé en mars à l’Assemblée nationale, entre défense du pouvoir d’achat des ménages et préservation d’un équilibre économique fragile pour les industriels et leurs fournisseurs.