Ce mardi 4 mars, Arte a diffusé le deuxième volet du documentaire Les femmes riches ne courent pas les rues, réalisé par Véronique Préault. Après avoir montré dans le premier épisode que les inégalités financières naissaient dès l’enfance, cette suite explore les défis économiques des femmes tout au long de leur vie : maternité, gestion financière du couple, précarité après une séparation ou encore impact fiscal. Retour sur les passages clés de ce documentaire édifiant.
Pourquoi le 50/50 dans un couple appauvrit souvent les femmes
Dans la majorité des couples, les femmes gagnent moins que leur conjoint. C’est le cas pour trois quarts des couples dans les pays développés, ce qui a un impact direct sur leur situation financière. Pourtant, le partage des charges à parts égales, censé être juste, aggrave en réalité ces inégalités. Le documentaire prend l’exemple d’un couple où monsieur gagne 3 000 euros par mois et madame 2 000 euros. S’ils répartissent les dépenses du foyer 50/50, chacun contribuant à 2 000 euros, l’homme garde 1 000 euros d’épargne, tandis que la femme n’a plus rien. Sur un an, il accumule donc 12 000 euros, alors qu’elle ne met pas un centime de côté.
Ce déséquilibre ne s’arrête pas là. Dans 70 % des ménages, les femmes assument principalement les dépenses de fonctionnement c’est-à-dire l’alimentation, les vêtements ou encore les charges pour les enfants. Pendant ce temps, les hommes prennent en charge les dépenses patrimoniales, comme le remboursement du prêt immobilier ou les investissements.
Résultat ? L’un s’enrichit pendant que l’autre stagne. Ce modèle, qui paraît équitable sur le papier, empêche de nombreuses femmes de se constituer un patrimoine. Entre 40 et 50 ans, elles possèdent en moyenne deux fois moins de richesse que leur compagnon, un écart qui s’accentue encore à la retraite, où elles perçoivent des pensions bien inférieures. Le Code civil stipule pourtant que les couples mariés ou pacsés doivent contribuer aux charges à proportion de leurs revenus, et non en parts égales. Mais dans la réalité, le 50/50 s’impose encore comme une norme, renforçant une inégalité silencieuse et persistante.
À la séparation, une précarité sévère presque inévitable
Le documentaire met également en lumière les inégalités financières qui s’aggravent en cas de séparation. En moyenne, les femmes voient leur niveau de vie baisser de 20 % après une rupture, contre seulement 3 % pour les hommes.
Dans beaucoup de cas, les hommes gardent la maison, l’épargne et les investissements, tandis que leur ex-compagne se retrouve sans rien ou presque. Le mariage offre une meilleure protection avec des compensations financières, mais comme deux enfants sur trois naissent hors mariage, beaucoup de femmes se retrouvent sans filet de sécurité en cas de rupture.
Le système fiscal entretient les inégalités en favorisant les hommes
Le documentaire analyse aussi l’impact de l’impôt conjugal en France. Déclarer ses revenus à deux permet de payer moins d’impôts, mais cette prime fiscale bénéficie avant tout à la personne qui gagne le plus. Or, dans trois couples sur quatre, c’est l’homme. Conséquence : les femmes, qui gagnent généralement moins, paient plus d’impôts qu’elles ne devraient, et cet avantage fiscal profite davantage aux hommes. Cette fiscalité peut décourager certaines femmes de reprendre un emploi à temps plein. On leur fait souvent comprendre que « si tu te remets à travailler, on va être taxés sur ton salaire supplémentaire ». Un frein qui renforce encore la dépendance financière des femmes.
L’argent reste un outil de domination masculine, encore aujourd’hui
À travers ses images, le film dévoile une forme de contrôle discrète mais redoutable : la violence économique. Peu connue, elle plonge certaines femmes dans une dépendance financière totale. Privées d’accès aux comptes bancaires, obligées de justifier chaque dépense, incapables d’avoir une autonomie financière, elles se retrouvent piégées, sans moyen de s’en sortir.
Mais ce problème ne s’arrête pas aux foyers : il s’étend aussi à la politique, où l’indépendance économique des femmes est devenue un enjeu de société. Aux États-Unis, par exemple, l’élection de Trump accentue les divisions : une partie des conservateurs veut revenir à un modèle plus traditionnel, où l’homme contrôle l’argent et la femme reste dépendante. Derrière ces débats, c’est toute la question de l’égalité et de l’autonomie des femmes qui se joue.
Des solutions existent, mais le chemin est encore long
Pour lutter contre ces inégalités, certains pays ont déjà pris des mesures concrètes, à commencer par un congé paternité plus ambitieux. En Suède, chaque parent bénéficie de huit mois indemnisés, contre seulement 25 jours non obligatoires en France. Les experts présents dans le documentaire, démontrent qu’un tel écart fait peser encore aujourd’hui la charge familiale sur les femmes, les empêchant d’évoluer dans leur carrière.
Les décisions politiques jouent également un rôle central : un meilleur accès aux crèches, des règles fiscales plus justes… autant de solutions qui pourraient améliorer la sécurité économique des femmes. Mais il y a encore du chemin à faire avant de mettre fin aux inégalités qui les maintiennent dans une chaîne d’appauvrissement dont il est difficile de sortir.