Chaque jour, plus de deux millions de petits colis débarquent en France, portés par l’essor fulgurant du e-commerce mondial. Pour encadrer ce flux croissant, le gouvernement prévoit l’instauration dès 2026, d’une taxe forfaitaire sur les importations, qui ciblerait les plateformes comme Shein, Temu ou Amazon. Objectif : freiner l’afflux massif de colis, notamment en provenance d’Asie, tout en évitant de faire porter la charge fiscale directement sur les consommateurs.
Cibler les plateformes, pas les clients
Selon le ministère de l’Économie, la France a reçu en 2024 quelque 800 millions de petits colis d’une valeur unitaire inférieure à 150 euros, sur un total de 1,5 milliard. À l’échelle européenne, 4,6 milliards de colis ont été acheminés, dont 91 % provenaient de Chine. Vêtements, accessoires, gadgets à bas prix : ces produits inondent le marché, portés par des plateformes aux coûts de production très faibles et aux marges réduites.
Pour la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, l’idée est claire : « Il faut faire payer les importateurs, pas les consommateurs ». Concrètement, la mesure prendrait la forme d’une taxe forfaitaire de quelques euros appliquée à chaque colis entrant sur le territoire. Elle serait provisoire, dans l’attente d’une réforme plus globale de l’union douanière européenne prévue à l’horizon 2028.
Des hausses de prix redoutées
Si le gouvernement promet que les consommateurs ne seront pas directement visés, certains économistes craignent une répercussion rapide sur les prix de vente. En effet, les plateformes concernées pourraient être tentées d’absorber cette taxe en augmentant le prix final des produits. D’autant que le contexte commercial mondial reste incertain : les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont ravivées avec la récente décision de Donald Trump de tripler les droits de douane américains sur les petits colis chinois. Un mouvement qui pourrait détourner une partie de ces flux vers l’Europe, alerte le ministre de l’Économie, Éric Lombard.
Une régulation ciblée contre les géants du low-cost
Au-delà de la taxe, c’est le modèle économique de certaines plateformes que le gouvernement cherche à encadrer. Shein, Temu et Amazon représentent désormais un quart des ventes de mode en ligne en France. Leur domination s’appuie sur un système logistique extrêmement performant, qui exploite les failles réglementaires liées aux colis de faible valeur. Pour les autorités, il est temps de rétablir un équilibre de concurrence.
Cette initiative française s’inscrit dans un cadre européen plus large : dès 2026, Bruxelles prévoit la suppression de l’exonération de TVA sur les envois de moins de 150 euros en provenance de pays tiers. Un tournant réglementaire qui pourrait transformer durablement les pratiques du e-commerce international, dans un marché où 145 colis par seconde franchissent les frontières de l’Union.