Un récent sondage mené par Oxfam révèle un soutien massif des Français en faveur d’une augmentation de la taxation sur les grandes fortunes, les héritages, et les superprofits des entreprises. Cette prise de position, partagée par une large majorité, intervient alors que le gouvernement cherche de nouvelles sources de financement face au déficit public.
Une majorité favorable à une réforme fiscale ambitieuse
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a réaffirmé sa volonté de réduire les dépenses publiques lors de son entrée en fonction le 22 septembre, en réponse à la situation économique difficile du pays. Cependant, les résultats de l’enquête d’Oxfam, réalisée par le groupe Verian, mettent en lumière une autre solution qui bénéficie d’un large appui : renforcer l’imposition des plus fortunés.
Selon ce sondage, 59 % des personnes interrogées se disent favorables à une augmentation de la taxation sur les héritages. Une part encore plus importante des sondés, soit 76 %, est favorable au rétablissement de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). Par ailleurs, 84 % des répondants soutiennent la taxation des superprofits et 71 % réclament une hausse des prélèvements sur les dividendes. Dans le contexte actuel, huit Français sur dix jugent indispensable d’alourdir l’imposition des riches, un choix perçu comme « juste » pour 75 % des sondés.
Un signal fort envoyé au gouvernement
Ces résultats contrastent fortement avec d’autres enquêtes d’opinion publiées récemment, à l’instar du sondage Odoxa pour Challenges d’avril 2024, qui révélait que 77 % des Français estimaient l’impôt sur les successions injuste. Toutefois, la volonté majoritaire exprimée dans le sondage d’Oxfam de rétablir une meilleure justice fiscale met le gouvernement face à un dilemme. Alors que 73 % des Français dénoncent une dégradation de la qualité des services publics, la pression monte pour que l’exécutif explore ces pistes fiscales plutôt que de continuer à réduire les dépenses publiques.
Stanislas Hannoun, responsable de campagne « Justice fiscale et inégalités » chez Oxfam, insiste : « Ce sondage doit servir de signal fort au gouvernement, et nous serons attentifs aux décisions prises lors de l’examen du projet de loi de finances ».
Des mesures concrètes pour réduire les inégalités
Pour accompagner la publication de ce sondage, Oxfam propose un plan détaillé de 16 mesures visant à rétablir la justice fiscale. Parmi ces propositions, l’introduction d’un ISF climatique pour les milliardaires fortement polluants, un réalignement de la fiscalité du capital sur celle du travail, et une taxation automatique des superprofits des grandes entreprises figurent en bonne place. D’après l’ONG, ces réformes pourraient générer plus de 100 milliards d’euros de recettes, tout en contribuant à freiner l’aggravation des inégalités sociales, particulièrement marquée depuis 2017.
Hannoun souligne également l’importance de la formulation des questions posées lors du sondage : « Nous avons voulu offrir un maximum de contexte et être pédagogues, pour éviter les biais et garantir des réponses informées ». Les participants étaient ainsi sensibilisés à certaines données clés, comme le fait que le 0,1 % des plus riches héritant de plus de 13 millions d’euros ne paient en moyenne que 10 % d’impôts sur les successions.
Un consensus qui dépasse les clivages politiques
Fait surprenant, le soutien à une taxation accrue des grandes fortunes dépasse les clivages politiques habituels. Même les sympathisants de droite, notamment ceux affiliés au parti présidentiel Ensemble ou aux Républicains, se montrent en faveur de ces réformes fiscales. « Ce qui ressort de ce sondage, c’est qu’un consensus existe sur la nécessité d’agir, y compris parmi les catégories socioprofessionnelles supérieures », observe Hannoun.
Dans ce contexte, la pression s’accentue sur le gouvernement, qui devra faire des choix décisifs pour concilier réduction des dépenses et justice fiscale. Les attentes des Français sont claires : il est temps de revoir la répartition de l’effort fiscal pour mieux répondre aux défis économiques et sociaux du moment.