Ce jeudi 20 février, la Cour des comptes a rendu son bilan tant attendu à propos du déficit des retraites. Commandé par François Bayrou, ce rapport relance un débat qui n’a jamais vraiment cessé : celui de l’âge de départ à la retraite, passé de 62 à 64 ans en 2023. Les conclusions sont claires : le système des retraites va rester déficitaire pour les décennies à venir.
Un déficit moins alarmant que prévu, mais persistant
Les chiffres avancés par la Cour des comptes viennent tempérer ceux du gouvernement. Alors que le Premier ministre tablait sur un gouffre de 55 milliards d’euros d’ici 2030, l’institution estime que le déficit sera plutôt de 6,6 milliards d’euros dès cette année, stable jusqu’en 2030, avant de se creuser progressivement pour atteindre 14 à 15 milliards en 2035 et près de 30 milliards en 2045. Autrement dit, le système est loin d’être en faillite imminente, mais la pente est descendante.
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a tenu à rassurer : « Il n’y a aucun déficit caché ». Mais ce que les chiffres montrent, c’est que l’équilibre financier reste un objectif hors de portée si rien n’est fait.
La réforme de 2023 : un répit temporaire
Le recul de l’âge de départ à 64 ans a été présenté comme un levier majeur pour renflouer les caisses. Et sur le court terme, l’effet est bien là : 10 milliards d’euros d’économie à l’horizon 2030, avec un pic en 2032. Mais après 2040, la Cour prévient que ce coup de frein ne suffira plus :
« Les bénéfices pour l’équilibre financier se réduiront avec le temps. »
En clair, la réforme a permis de gagner quelques années de répit, mais elle ne règle pas le problème structurel de notre système de retraites. Si aucune mesure supplémentaire n’est prise, la Cour des comptes estime que la dette du régime général atteindra 350 milliards d’euros en 2045, auxquels s’ajoutent 125 milliards pour les régimes des agents des collectivités locales et des hôpitaux. Ce trou grandissant pourrait peser lourdement sur les finances publiques et obliger à prendre de nouvelles mesures d’équilibre.
Un débat relancé, une réforme à revoir ?
Ces conclusions arrivent à un moment stratégique. Dès cet été, syndicats et patronat vont être amenés à rediscuter de la réforme des retraites. Certains, du côté des organisations salariales, militent déjà pour un retour à l’âge de départ à 62 ans. D’autres, plus prudents, plaident pour un ajustement progressif du système en fonction des besoins.
Face à ces nouvelles projections, le Premier ministre a annoncé que ces chiffres pourraient faire l’objet d’un débat sans vote au Parlement. Objectif : poser un diagnostic clair avant d’envisager toute nouvelle réforme. Une manière de calmer le jeu tout en laissant la porte ouverte à d’éventuelles modifications à venir.
Le débat sur les retraites est donc loin d’être clos. Le défi reste entier pour le gouvernement, qui devra arbitrer entre mesures d’ajustement et tensions sociales.