Deux ans après le début d’une crise sans précédent, le secteur du bâtiment continue de s’enfoncer. En 2024, 27 300 emplois salariés ont été supprimés selon la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). Et les premiers chiffres de 2025 confirment la tendance : l’activité du secteur a reculé de 5 % au premier trimestre, selon les données publiées ce mercredi 30 avril par le syndicat patronal.
Huit trimestres consécutifs de baisse
« On n’est pas encore au point bas, et ce qui me trouble le plus, c’est l’emploi », alerte Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB. Le secteur vient d’enregistrer son huitième trimestre consécutif de repli. Rien que sur le dernier trimestre de 2024, 6 000 postes ont été supprimés. Les maçons sont les plus touchés, avec une chute de 6,5 % de leur activité sur les trois premiers mois de l’année.
Même la rénovation, longtemps considérée comme un pilier stable de la filière, fléchit. L’entretien-amélioration (réparations, petits travaux, etc.) recule de 2 %, tandis que les opérations liées à la performance énergétique chutent de 1,5 % par rapport à début 2024. En cause : le recentrage de MaPrimeRénov’. Le budget de ce dispositif public d’aide à la rénovation énergétique est passé de 3 milliards d’euros en 2024 à 2 milliards en 2025. Les forfaits ont été abaissés, entraînant une baisse significative des chantiers engagés.
La construction neuve, elle, souffre toujours de la hausse des taux d’intérêt et de l’augmentation du coût des matériaux, freinant les investissements.
Une colère grandissante dans la profession
Face à cette crise prolongée, la grogne monte. « Il y a une période de gronde, car les artisans ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas considérés à leur juste valeur », s’insurge Jean-Christophe Repon. Le président de la CAPEB reproche au gouvernement un manque d’action et des réponses insuffisantes face à l’ampleur de la crise.
En pleine négociation du budget 2025, le secteur attend des mesures fortes, notamment sur le plan financier. Mais le président de la CAPEB se montre pessimiste : « Je m’attends à être sûrement un peu déçu ». Il va jusqu’à dénoncer une situation de « non-assistance à artisan en danger », regrettant que l’exécutif ne semble pas mesurer la gravité de la situation.