0,00 €

Votre panier est vide.

0,00 €

Votre panier est vide.

Les départs anticipés à la retraite : un dispositif toujours très inégalitaire

Ce jeudi 10 avril, la Cour des comptes a rendu son second rapport de l’année sur les retraites : une demande provenant du premier ministre François Bayrou, qui souhaite trouver rapidement un moyen de réformer le système de retraite actuel Ce nouveau rapport pointe du doigt le ciblage défectueux du dispositif de retraite anticipée pour carrière longue, qui creuse les inégalités entre les travailleurs. 

Un dispositif mal conçu pour les travailleurs modestes

Le dispositif « carrière longue » a été créé en 2003 pour permettre aux travailleurs ayant débuté leur activité tôt de partir à la retraite deux ans avant l’âge légal, à taux plein. L’objectif de cette clause était d’assurer plus d’équité pour les travailleurs fragilisés par leurs conditions de travail. Elle concernait notamment les métiers peu qualifiés ou pénibles.

Mais ce dispositif est encore loin d’être efficace : dans son rapport, sur les impacts du système de retraites sur la compétitivité et l’emploi, présenté à la presse ce jeudi 10 avril, la Cour des comptes pointe du dogit une inégalité flagrante : « Les retraités dont les pensions se situent entre le 1er et le 4e décile n’ont représenté que 13% des départs pour carrière longue », déclarent les magistrats de la rue Cambon. Ce sont donc les retraités qui ont un revenus moyen (mesures utilisées pour analyser la répartition des ressources) qui en profitent le plus, pendant que les plus modestes attendent leur tour pour partir à la retraite. Carine Camby, présidente de la première chambre de la Cour des comptes, explique que cette inégalité est due à la fragilité des parcours professionnels des travailleurs à faibles revenus qui sont souvent « hachés » car marqués par des périodes de chômage ou maladie, ce qui les empêchent de remplir les conditions nécessaires pour bénéficier de la retraite anticipée, à savoir valider les trimestres nécessaires pour la retraite à taux plein.

Un manque d’information et de suivi pour les travailleurs

Au-delà des critères de validation, l’autre grande problématique du dispositif est le manque d’accompagnement et de communication : « Il y a un grand manque d’information autour de la retraite anticipée« , explique Angélique Pelloux, présidente du cabinet d’audit retraite Qualiretraite. Certains travailleurs mal informés, choisissent de rester au chômage ou acceptent des emplois moins adaptés, ce qui ferme la porte à la retraite anticipée : « C’est un véritable gâchis », ajoute Angélique Pelloux, car selon elle, avec un peu plus d’information, ces travailleurs auraient pu faire des choix plus judicieux pour partir plus tôt en retraite.

Un regard sur les systèmes voisins européens

Le système français n’est pas le seul à prendre en compte l’âge de la retraite et les carrières longues. Dans son rapport, la Cour des comtes a invité à regarder de plus près les mécanismes similaires dans d’autres pays, pour soutenir les travailleurs ayant des parcours professionnels difficiles. Par exemple en Allemagne, l’âge de départ à la retraite peut être ajusté en fonction de l’espérance de vie. Mais contrairement au dispositif français, la revalorisation des pensions y est évaluée en fonction du rapport entre actifs et retraités. Plus il y a de cotisants, plus les pensions peuvent augmenter. De même en Belgique, un accord datant de 2018 permet aux travailleurs de fonctions pénibles de partir à la retraite plus tôt, tout en bénéficiant d’une pension plus élevée. D’après Pierre Moscovici, il serait certainement judicieux de s’inspirer des dispositifs voisins qui « permettraient d’équilibrer, dans la durée, le système de retraites. »

Nos derniers articles 👀

22 345 personnes lisent notre newsletter gratuite ! Et vous ?